Je savais que c'était une grosse étape. J'ai reçu le conseil de prendre le nouveau GR, qui est plus facile, car on annonçait quelques averses, j'ai choisi la route Napoléon, qui est interdite en hivers ou en cas de mauvais temps. Au départ, à 7h30, il faisait beau. Mais rapidement le temps s'est dégradé. Et il n'a pas s'agit de quelques averses, mais d'une tempête. Une fois mon équipement en place, j'ai fait face à des rafales de vent tellement violente que plusieurs fois j'ai été déséquilibré et ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour me ratrapper. Il restait 20km. Au début j'ai pris ça comme un défi et j'ai progressé doucement, calmement. Mais petit à petit des peurs sont apparues. Avais-je mal évalué le risque ? Et si je restait bloqué ? Et cette route qui continue de monter à l'infini. Le froid me gagna. Je réalisa qu'il m'était (presque) impossible de prendre un pull dans mon sac avec une météo aussi extrême. Manger, boire, tout était compliqué. Je ne devais pas m'arrêter, il faisait trop froid. Mes mains devenaient engourdis, les flots d'eau en grésil me faisaient mal. Pour me protéger le visage, je regardais en bas, limitant ma vision à moins d'un mètre, parfois. L'eau envahissait mes habits, passant sous la pèlerine, s'infiltrant dans mes chaussures. Et plus j' avançais, plus le temps se dégradait. J'ai pleuré, crié, parlé au Vent, tenté de faire alliance avec lui plutôt que de me battre. A quelques moments, oui, il m'a porté. Mais j'ai dû donner toute mes forces et ne pas céder au découragement pour vaincre ce passage. Peu avant la frontière j'ai pu m'abriter dans un petit refuge, mettre un pull et ma doudoune, manger quelque chose. Le plus dur était fait, puisque rapidement je me suis trouvé en Espagne et ai commencé à redescendre, parfois un peu à l'abri du vent. La pluie s'est progressivement arrêtée. Il me restait presque 10km et petit-à-petit j'ai retrouvé un parcours "normal". Je suis bien arrivé à l'abbaye de Roncevalles.

Pffffiouuu !